Par Lazhar Bannour*
Les opportunités de faire du business sur l’Afrique, en tant que marché de croissance pour les entreprises tunisiennes,restent à la fois sous-estimées et mal comprises. L’écosystème de l’exportation devrait valoriser le potentiel des entreprises tunisiennes et mettre en évidence l’intérêt pour aller vers le marché africain.
Les opportunités de faire du business sur l’Afrique, en tant que marché de croissance pour les entreprises tunisiennes,restent à la fois sous-estimées et mal comprises. L’écosystème de l’exportation devrait valoriser le potentiel des entreprises tunisiennes et mettre en évidence l’intérêt pour aller vers le marché africain. Cette responsabilité est à la charge des structures d’appui dont le Cepex qui a un rôle crucial à jouer en tant que locomotive de l’exportation tunisienne. Cet organisme est en train de remplir son rôle avec efficacité et professionnalisme. En ce sens, il est tout d’abord un transformateur d’une réalité tant attendue par les exportateurs tunisiens pour voir sur le terrain des années de promesses sur le continent africain. L’approche du Cepex c’est :
– Assurer une présence soutenue via des représentations dans des pays-clés pour les opérateurs tunisiens travaillant sur l’Afrique, à savoir la Côte-d’Ivoire, le Cameroun, la RDC et le Kenya et, bien sûr, il y aura d’autres représentations sur ce continent.
– Faire de l’export vers l’Afrique, une priorité dans le cadre de sa restructuration fondée sur une nouvelle stratégie déclinée par l’axe du passage de la promotion vers le développement des exportations.
– S’adapter aux contraintes exigées par la pandémie en organisant des événements virtuels.
«Tunisia-Africa E-Business Meetings», un rendez-vous incontournable
C’est un événement matchmaking Number One de l’année 2020 pour rencontrer en mode virtuel plus de 300 prospects africains triés sur le volet par des équipes de consultants locaux rompus aux mises en relations d’affaires dans le continent aux carnets d’adresses étoffés. Au Cepex, on a mis en place un processus de renforcement des relations d’affaires avec nos partenaires africains car il se trouve que les concurrents se bousculent au portillon de ce continent qui regorge d’opportunités à tout bout de champ. Le Cepex organise cet événement, s’acquitte pleinement de son rôle de leader dans un environnement national et international très défavorable aux échanges extérieurs, dans l’optique de générer des agendas de rendez-vous d’affaires BtoB virtuels bien garnis au profit des entreprises tunisiennes, tous secteurs d’activités confondus.
Cet événement concrétise bien l’adaptation du Centre, compte tenu des contraintes de la pandémie : cest le fruit d’une coopération tuniso-allemande, puisqu’il est organisé avec l’appui du projet de «Promotion des activités d’export créatrices d’emplois vers de nouveaux marchés africains» (Pema).
Pourquoi le marché africain ?
C’est une question souvent soulevée par plusieurs entreprises tunisiennes qui préconisent que l’accès à ce marché est très difficile pour des raisons logistiques et parfois de compétitivité intrinsèque. D’autres entreprises avancent l’idée que la présence tunisienne officielle et privée n’est pas au niveau des attentes et des difficultés rencontrées pour bien approcher ce marché.
Pour répondre à ce constat, il est primordial de rappeler qu’Il existe plus de 400 entreprises africaines dont le chiffre d’affaires dépasse le 1 milliard de dollars, et elles sont, en moyenne, à la fois plus rapides et plus rentables que leurs homologues du monde entier. Cela confirme que faire des affaires avec des entreprises aussi dynamiques et en croissance peut faciliter la mise en place de partenariats fructueux gagnant-gagnant.
Donc, ce sont des marchés en croissance rapide et présentent d’importantes opportunités pour les entreprises tunisiennes dans un environnement mondial caractérisé par un ralentissement économique inquiétant, notamment dans nos marchés traditionnels sous l’effet de la pandémie Covid-19.
Cinq opportunités à ne pas rater
Selon les projections, la population actuelle de l’Afrique, qui est d’environ 1,2 milliard de personnes, atteindra 1,7 milliard d’ici à 2030. Le PIB réel de l’Afrique a augmenté à un taux annuel moyen de 5,4% durant les deux dernières décennies, accompagné d’une croissance soutenue de la productivité. La croissance économique de l’Afrique s’est redressée et ses perspectives d’avenir semblent bonnes. Deux indicateurs de la Banque mondiale soulignent la promesse du continent. En effet, sur les 10 économies dont la croissance a été la plus rapide au monde, six se trouvaient en Afrique, le Ghana étant en tête du classement mondial. Deuxièmement, dans l’indice Doing Business 2019 de la Banque mondiale, cinq des 10 pays les plus améliorés se trouvent en Afrique, et un tiers de toutes les réformes enregistrées dans le monde l’a été en Afrique subsaharienne.
Une population en croissance et en urbanisation rapides
Plus de 80% de la croissance démographique de l’Afrique au cours des prochaines décennies se produiront dans les villes, ce qui en fait la région à l’urbanisation la plus rapide du monde. Dans le même temps, les revenus augmentent sur une grande partie du continent, générant de nouvelles opportunités commerciales sur le marché de consommation. Ainsi et selon les estimations de la Banque mondiale, il est prévu que les dépenses annuelles des consommateurs et des entreprises africaines atteindront 6,66 milliards de dollars d’ici à 2030. Ces tendances stimulent l’exportation des entreprises travaillant dans des secteurs-clés pour l’exportation tunisienne, comme l’agroalimentaire, les produits pharmaceutiques, les services financiers, les BTP, la santé et l’éducation.
Partenariat industriel
Une révolution industrielle africaine est en train de se réaliser, les fabricants augmentent la production de tout, des aliments transformés aux automobiles. Les dernières estimations montrent que les industries africaines ont la possibilité de doubler leur production en une décennie. Les trois quarts de cette croissance proviendront vraisemblablement des projets de partenariat avec des entreprises qui vont s’installer pour remplacer les importations et répondre à la demande locale en plein essor. C’est une opportunité importante de faire croître les exportations tunisiennes vers l’Afrique qui sera sans doute le prochain grand centre manufacturier du monde, car suite à la pandémie, il y a un processus de redéploiement industriel mondial et relocalisation vers ce continent et les industries se déplaceront de la Chine vers des régions à faible coût.
L’Afrique s’efforce de combler son déficit d’infrastructure
La médiocrité des infrastructures est l’un des principaux obstacles à l’investissement et à la croissance en Afrique. Par exemple, près de 600 millions d’Africains n’ont pas accès au réseau électrique. L’infrastructure de l’Afrique est toujours en retard par rapport à celle d’autres régions dans le monde, mais il y a des progrès importants qui ont été réalisés ces dernières années : l’investissement annuel de l’Afrique dans les infrastructures a doublé pour atteindre environ 80 milliards de dollars par an depuis le début de ce siècle. Cela représente une grande opportunité pour les entreprises tunisiennes travaillant dans le secteur des BTP et des services d’ingénierie.
Innovations pour libérer la richesse agricole et des ressources
L’Afrique est connue depuis longtemps pour l’abondance de ses ressources tant agricoles que minérales. Cependant, l’Afrique a eu du mal à traduire ces ressources en richesse partagée et en développement économique durable. Les nouvelles tendances pour plusieurs entreprises tunisiennes de s’installer en Afrique vont créer des opportunités de croissance, dans le domaine de l’électrification et de l’énergie.
Le potentiel d’augmenter l’accès numérique et mobile
L’Afrique subsaharienne a connu le taux le plus rapide au monde, le trafic de données mobiles en Afrique devrait être multiplié par sept entre 2017 et 2022. L’Afrique compte plus de 120 millions de comptes d’argent mobile actifs, soit plus de 50% du total global. Cette tendance permettra aux entreprises tunisiennes d’améliorer leur présence physique et virtuelle.
*Conseiller des Services Publics-Cepex